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PICOUNOC LE MAUDIT.

depuis tant d’années accordée à la femme pauvre et souffrante se pouvait-elle changer en une lâche persécution ? Rien ne désole notre âme comme l’éloignement des amis aux jours du malheur. Victor comprit que sa mère avait besoin de consolations dans les circonstances douloureuses où elle se trouvait. Et qui, après Dieu, peut apporter mieux que l’enfant soumis, à la veuve affligée, le baume sacré de la consolation ? Il attendit avec impatience le départ du bateau. Or les bateaux qui voyagent entre Québec et les paroisses d’en haut, ne viennent que deux fois par semaine, le lundi et le vendredi. Ils laissent la ville avec la marée montante, le mardi et le samedi. Et c’est un spectacle curieux que de voir comme des ruches serrées, ces vaisseaux, accostés les uns contre les autres, pleins de monde, pleins de produits de toutes sortes. C’est un va et vient singulier et qui réjouit les yeux ; c’est un bourdonnement incessant, ce sont des cris, des rires, des adieux, des saluts qui s’échangent longtemps, et que viennent interrompre de temps en temps les sifflets à vapeur stridents, rauques ou sonores, des divers bâtiments sur le point de partir.