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Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/53

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PICOUNOC LE MAUDIT.

le long de son chemin, en allant à St. Jean et en revenant à Lotbinière, il n’eut que pareilles absurdités dans la tête. Il espérait que l’ex-élève ne reviendrait plus, et cela le calmait un peu. Mais il pensait aussi que Noémie pourrait bien se laisser attendrir par les soupirs d’un autre, puisqu’elle aimait celui-là, et qu’elle n’oublierait probablement l’ex-élève que pour se consoler ailleurs. Oh ! les jaloux comme ils sont ingénieux à se tourmenter ! Il avait mis sa confiance en Picounoc, et il se promettait qu’avec le secours de cet habile garçon, il déjouerait toutes les ruses de sa femme, et finirait par désespérer les amoureux. Il arriva chez lui comme Picounoc venait de partir, et trouva Noémie toute en pleurs à genoux contre son lit. Il éprouva un sentiment de joie, car il pensa qu’une femme qui prie ne fait jamais de grosse peine à son époux. Noémie se leva et courut à lui :

— Petit méchant, va, comme tu me fais de la peine !… dit-elle en l’enveloppant de ses deux bras.

— Tu pleures ? pourquoi ?…

— Tu le sais bien pourquoi… penser que