Aller au contenu

Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
PICOUNOC LE MAUDIT.

— Tu te moques de moi, Picounoc ; je suis assez malheureux comme cela, je t’en prie, n’ajoute pas à mon désespoir.

— Comme tu voudras… je me tais et tu sortiras d’affaire comme tu pourras… Mais prends garde que l’on sache tout, et que tu paraisses ne rien voir… je te plains alors… Et tu sais le nom que l’on donne aux maris trop aveugles ?…

— Picounoc, dis-tu vrai ? tu es mon ami, je le sais, ne me trompe pas…

— T’ai-je jamais trompé ? Tu as vu de tes yeux ?… Tiens ! Djos, une femme qui cesse une fois d’aimer son mari, ne cesse plus d’aimer les autres hommes, et tous ceux qui viennent à elle sont les bienvenus. Si ta femme a aimé l’ex-élève — et je ne crois pas me tromper en affirmant que c’est le cas — elle aime le docteur, et, après le docteur, un autre, et toujours ainsi.

Djos avait la tête basse, et du feu dans les yeux… Il serrait avec rage les bâtons du traîneau, et son pied droit fouillait la neige attachée au fond.

— Je n’ai pas voulu te faire de peine, re-