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PICOUNOC LE MAUDIT.

Djos, ne se possédait plus, et pouvait, d’un instant à l’autre, se porter à des violences terribles. Il sortit, se jeta dans sa cariole et fouetta son cheval…

— Il est fou, pensa-t-il…

Cet esclandre du malheureux Joseph ne resta pas caché, et bientôt l’on sut, dans la paroisse, qu’il était jaloux. Plusieurs de ses amis essayèrent de le guérir de ce mal, et de lui rendre la paix, mais leurs efforts furent à peu près inutiles ; ils ne réussirent point à le délivrer des injustes soupçons qu’il nourrissait contre sa femme. Il croyait avoir des preuves de la légèreté de cette bonne créature, mais il ne voulait pas les révéler, et il se renfermait dans un silence obstiné. Il aimait encore mieux passer à tort pour jaloux, que de subir la honte de posséder une femme infidèle. Et il pensait en savoir assez pour confondre l’innocente victime. Picounoc l’approuvait dans sa conduite, et, sans paraître le conseiller en rien, lui glissait sournoisement certains avis qui étaient toujours trop fidèlement suivis.

Cependant il lança, sur les ailes de la rumeur, une parole méchante qui fit son chemin.