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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/10

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tonkourou


Tout auprès, au midi, c’était la vaste grange
Avec son toit de chaume et son concert étrange
De murmures, de chants, de plaintes et de cris.
La forêt déroulait son rideau morne et gris
Au bout des clos de grains, par delà les pacages.
Au nord luisait le fleuve à travers les bocages.

Jean Lozet habitait cette blanche maison.
C’était un homme franc et droit, parlant raison,
Traversant fièrement le doux âge du rêve.
Dans le champ du travail il combattait sans trêve ;
Il aimait le devoir, mais aussi les écus,
Et se montrait parfois un peu dur aux vaincus.

Il avait pour compagne, en sa demeure agreste,
Une femme adorable. Il le savait, au reste,
Et bénissait le ciel d’un bonheur aussi doux.
Un radieux enfant jouait sur ses genoux.
D’un amour pur c’était encor l’unique gage.
L’enfant charmait déjà, par son naïf langage,
Un père trop souvent rempli d’anxiété,
Et faisait sous le toit voltiger la gaîté.