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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/116

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tonkourou


— Fumez, fumez, dit Jean ; vous partirez demain.

Il semblait que sa joie était un peu factice.

— Tu n’es pas gai, voyons, serait-ce une injustice ?…
Veux-tu demeurer seul ? dis, nous nous en allons,
Repartit le sauvage en tournant les talons.

— Quelque chose, c’est vrai, Tonkourou, m’indispose,
Répliqua le vieillard. Vous avez, je suppose,
Rencontré sur la route, à quelques pas d’ici,
Marchant la tête basse, un amoureux transi.

— Pour qui votre maison fut trop hospitalière,
Ajouta Ruzard.
— Non, mais chose singulière,
Répondit l’indien avec attention,
Nous avons vu quelqu’un, j’en fais l’assertion,
Rôder comme un fantôme autour de ton étable ;
Et j’ai cru que c’était… mais soyons charitable :
On peut se tromper, même en voulant être droit.

Ruzard était ravi de ce discours adroit.
Il voyait les soupçons, grâce à la réticence,
S’abattre sur un autre et noircir l’innocence.