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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/130

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tonkourou

Avec le soc de fer dans le sol attiédi.
Sur la pierre du champ le lézard engourdi
Vient s’étendre au soleil, pendant que dans la mousse,
En sautant, le grillon jette sa note douce.
Les enfants vont pieds nus et les cheveux au vent,
Et l’hirondelle vole à son nid sous l’auvent.

Ce matin-là, depuis que l’aube était parue,
Lozet guidait, pensif, sa pesante charrue.
Rien semblait ne pouvoir adoucir ses regrets.
Ayant levé la tête il aperçut tout près,
Dans sa longue soutane et lisant son bréviaire,
Le curé qui venait en longeant la rivière.
Il savait la douceur de ce pieux abbé ;
Pourtant sur la charrue il demeure courbé ;
Il craint que devant lui son dépit ne s’envole.

L’abbé le salua d’un geste bénévole,
En souriant. Mais lui, l’entêté laboureur,
Toujours à son travail, poussait avec fureur
Sur le sillon fumant les mancherons d’érable,
Et semblait ne pas voir le prêtre vénérable.

— Allons ! père Lozet, reposez-vous un peu,
Dit d’une calme voix le ministre de Dieu.