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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/150

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tonkourou

Il suivit un instant le cap irrégulier,
Puis, bondissant bientôt sous sa légère charge,
Des courbes de la grève il s’enfuit vers le large.

Le ciel était pur ; mais quelques nuages blancs,
Comme de grands oiseaux qui traînent leurs vols lents,
S’élevaient au-dessus des bleuâtres montagnes ;
Et le soleil couchant inondait les campagnes
De chatoyants reflets et de molles clartés.
Les vagues embrassaient des récifs écartés.

Vénus étincela dans les vapeurs ailées
Qui montaient lentement du fleuve et des vallées :
Ce fut comme un œil d’ange heureux de s’entr’ouvrir.

Déjà le flot paisible achevait de couvrir,
Comme un morne linceul, le rivage uniforme ;
Et semblables aux grains d’un chapelet énorme,
Dans l’ombre qui tombait comme un large rideau,
Les récifs dentelés s’élevaient à fleur d’eau.

Au milieu des écueils où la vague ruisselle,
Comme un rêve enchanteur, l’élégante nacelle
Glisse toujours, toujours glisse. Les imprudents
La sentent tout à coup se briser sur les dents