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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/200

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tonkourou


Lorsque la nuit venait, mon enfant, me surprendre,
Je dormais d’ordinaire à l’abri d’un sapin ;
Je voulus, cette fois attendre le matin
Dans le petit wigwam dressé sur mon passage.
Une affreuse pâleur recouvrit mon visage,
Un long cri m’échappa quand j’entrai sous ce toit.

— Est-ce un spectre infernal que mon œil aperçoit,
Demandai-je soudain en reculant de crainte ?

Le fantôme riait. Sa lèvre était empreinte
Des traces de l’orgueil et de la volupté.
Et je ne parlais plus. J’étais épouvanté.

— Tu reconnais encor dans sa pauvre cabane,
L’amour de ton printemps, la fière Marianne,
Dit l’insolent fantôme en s’approchant de moi.

— Je ne connais jamais qu’une femme sans foi,
Répondis-je à ce dieu de mes jeunes années !

— Les blancs ne voulaient plus de mes grâces fanées,
J’ai suivi par colère, et nul ne peut dire où,
Les pas d’un indien, le grand chef Tonkourou.

— Tonkourou, le grand chef ? s’écria le jeune homme,
Voilà qui m’intéresse… Et la femme se nomme ?