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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/32

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tonkourou


— Que veux-tu, Tonkourou, prendre part à la fête ?

— Non, gronda le sauvage en secouant la tête,
Rien pour moi ; non.

— Allons ! approche et bois un peu,
Pour te rendre plus gai, de ma vieille eau de feu.

Alléché, le sauvage emplit et but son verre.

— Si vous ne chantiez pas, reprit-il, plus sévère,
Vous verriez, jeunes gens, qu’il monte des sanglots
Avec le vent du large et la plainte des flots.

Ces mots dans la maison répandent la surprise.
Pour se convaincre mieux qu’il n’est pas de méprise
Tous sortent aussitôt.

Le froid était fort vif ;
Sous les fouets de la vague aboyait le récif.
Quand la lune, en courant s’échappait des nuages,
Partout, jusques au loin l’on voyait les rivages
Couverts, comme les prés, d’un vaste manteau blanc,
Puis on voyait, au large, un bateau sur le flanc.
Et le vent apportait sur ses ailes funèbres
Une clameur. Perdus au milieu des ténèbres,