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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/62

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tonkourou


Ainsi marchant, ainsi maugréant, noir fantôme,
Il arrive chez lui par le bois sans arôme.
Il réveille le feu sous la cendre endormi
Et, dans un vieux fauteuil se couchant à demi,
Il se prend à former des projets de vengeance.
Il serait insensé d’avoir de l’indulgence
Pour cet audacieux qui lui vole son bien ;
Il veut que Jean Lozet le chasse comme un chien.

Le vent faisait gémir les grands érables chauves
Et la flamme au plafond jetait des lueurs fauves.
Il se verse du rhum dans un verre profond :

— À mon Succès ! fait-il en buvant jusqu’au fond.

Il dépose son verre.
— À mon tour une goutte,
Et ton succès, Ruzard, ne fera plus de doute,
Dit en entrant alors le cynique huron.

François, l’apercevant, lui décoche un juron :

— Tu laisses à propos, grand chef, ton lit de mousse ;
Est-ce Dieu qui t’amène ou l’enfer qui te pousse ?