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Page:LeMay - Tonkourou (nouvelle édition de Les Vengeances), 1888.djvu/93

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tonkourou


Auger allait sortir. Louise, désolée,
S’élance sur ses pas et tombe à ses genoux.

— Restez encor, dit-elle, oh ! restez avec nous !

Et Lozet que cela surprend et désespère,
Lozet s’écrie alors :
— Ne suis-je pas ton père,
Moi depuis si longtemps ta gloire et ton appui,
Ne suis-je pas ton père, ô Louise, aujourd’hui,
Autant que ce marin qui parle de te prendre,
Qui ne t’a jamais vue, et ne saurait comprendre
Toute l’affection qui germe en un berceau ?
Voudrait-il t’emmener au loin sur son vaisseau ?
Ma Louise, il vaut mieux ne voyager qu’en rêve.
Reste ici près de nous ; reste sur cette grève
Où tu jouais, petite, avec les papillons…
Ah ! bientôt le chagrin va creuser des sillons
Sur mon front dénudé, sur ma joue amaigrie !
Reprit-il, comme à part, d’une voix moins aigrie.

Louise murmura, l’embrassant tendrement :

— Déjà vous oubliez vingt ans de dévoûment !