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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/101

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Il était mort.

Il avait quitté la maison à deux heures, vigoureux, si vivant. Et maintenant, c’était fini. Il ne parlerait plus, il ne lui reparlerait plus jamais. Jamais, en entrant, il n’entourerait les minces épaules de Monique, en la baisant au front ; jamais, en riant, il ne l’attirerait sur ses genoux, en l’appelant sa plus petite. Car elle était sa plus petite, celle qu’il avait choyée plus longtemps. Tant qu’elle l’avait eu, elle ne s’était pas donné la peine d’évaluer ce bonheur acquis, solide, dont elle ne s’apercevait plus. Et maintenant, c’était fini. Fini. Mort, les yeux fermés, le corps comme du marbre. Des yeux fermés qui ne s’ouvriraient plus. Monique soudain étouffait de douleur. Et tout de suite ce sentiment honteux l’envahissait qu’au chagrin moral se greffait la mesquine préoccupation d’avoir perdu avec son père, le gagne-pain de chaque jour. L’argent avait manqué, certes, mais il s’en trouvait pour l’essentiel. Maintenant, il n’y en aurait plus. La mort. La misère. Monique priait mal. Elle ne pouvait croire que Dieu l’entendît, qu’il s’occupât de nous. Car, comment, comment permettrait-il de pareilles douleurs ?

La mauvaise nouvelle avait couru. Des tantes, des cousines arrivèrent pour peupler ce cauche-