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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/112

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LA PLUS BELLE CHOSE DU MONDE

quelque compliment, elle calculait en imagination, le temps que prendrait cette lettre à parvenir à sa destination, et le temps que prendrait la réponse à venir.

Tous les après-midi, les pensionnaires du Sanatorium partaient en caravane : en chemin, des différents hôtels, d’autres groupes se joignaient à eux, pour l’ascension du Mont Sainte-Anne, ou du Mont-Blanc, ou du Pic de l’Aurore.

Ainsi Lucette, qui ne connaissait jusque-là, que les promenades dans les rues ou sur les routes bien tracées, Lucette découvrit les sentiers verts, pointillés par les fleurs blanches des « quatre-temps », puis colorés, à mesure que s’avançait l’été, par les baies rouges, et par le cercle magique des frais champignons jaunes. Lucette savoura l’air parfumé du bois, subit son charme pénétrant. Entre les arbres, toujours une éclaircie laissait voir la mer, ou un aspect nouveau du Rocher, mais Lucette aima la forêt pour elle-même, sa grandeur, sa richesse, son odeur, sa vie ; pour ses sentes en voûte, couloirs ombragés qui s’entrecroisaient aux carrefours ; ses sentes aux destinations d’abord mystérieuses, et qu’elle apprit bientôt à connaître et à choisir ; sente entre les deux montagnes, sente de la grotte, des Donjons, de la Crevasse, de l’Observatoire, de l’Ermitage ; et les sentes qui ne conduisaient nulle part, qu’à