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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/165

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— XVI —


Au cœur des événements qui se précipitaient et l’entraînaient, Monique se souvint tout à coup, amusée, qu’un soir de novembre, chez Claire, elle avait déclaré :

— Les années passent et rien n’arrive, rien n’arrive !

Le deux janvier suivant, elle roulait à son doigt une bague où brillait un gros diamant serti de platine ciselé. Cent fois par jour elle admirait l’effet du bijou sur sa main aux ongles luisants, et elle souriait, profondément satisfaite. La vie s’était affirmée plus romanesque que le plus extraordinaire des romans.

La tante, qui depuis la mort de son père habitait chez Monique, possédait une grosse dose d’orgueil, de sens pratique, et un idéal de vie cossue qui s’offusquait du salon de Monique. Ces meubles anciens, sans style, couverts de velours terne et fané, ces meubles sans grâce ni confort, chasseraient les amoureux, prétendait-elle. Il fallait les changer. L’une de ses amies avait acheté, par l’entremise du premier dessinateur d’une fabrique, des fauteuils charmants.