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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/202

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I 200 J LA PLUS BELLE

— Pour moi, dit Lucette, je le suis depuis longtemps. Depuis quinze ans, Nicole se joue de moi, me cache tout ce qu’elle pense. Depuis quinze ans. Que nous sommes vieilles, mes amies !

— Quinze ans. Mais notre véritable amitié remonte à la classe de Mère Sainte-Marie de-la-Crèche, aux cours de littérature, à nos extases poétiques pour «la mort du loup !»

— «Souffre et meurs sans parler !» Elles vont d’un souvenir à l’autre. Parfois, le rire les étouffe. C’est si amusant de faire revivre les petites exaltées qu’elles furent, et de rappeler les moments drôles de leur vie de couvent. Lucette évoque le jour où elle avait écrit sa composition pour Poupon Rose, sur du papier gardé toute une semaine entre deux buvards imprégnés du Pompéia de Pivert ! Quelle scène lorsque Mère s’était mise à humer ! Le parfum que Lucette croyait discret s’avérait si fort qu’il entêtait toute la classe. Elle avait dû recopier son devoir : douze longues pages! Elles rient aux larmes. Lucette pendant que Nicole va chercher le réveillon, s’essuie les yeux et déclare :

— J’ai trop ri. J’apprendrai une mauvaise nouvelle. Sa ne rate jamais.

— Ce ne sera pas ici, sûrement. Il y a bien la surprise de Nicole, mais ce ne sera pas triste. Elle