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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/211

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XIX


Lucette s’était longtemps abstenue de sortir avec des jeunes gens. Mais depuis qu’elle était accompagnatrice, de nombreuses occasions surgissaient ; alors elle acceptait parfois une invitation à un concert, une conférence, ou au théâtre.

Scrupuleuse, elle racontait tout à Jean, exigeait son approbation.

— Naturellement, Lucette, vous ne devez pas refuser…

Il ne lui répétait plus cependant, comme au début : « Il faut songer à votre avenir ».

Comme Lucette semblait heureuse, Jean ne craignait rien ; cette chaude affection ne lui serait point enlevée. Il savait maintenant qu’il ne guérirait jamais. Il traînerait pendant des années peut-être une existence rétrécie, misérable, mais non sans une part de joie, puisqu’il possédait le royaume des livres. Il oubliait la réalité cruelle dans les délices des choses de l’esprit, et tant qu’il pouvait en plus, compter sur l’amour de Lucette, un certain bonheur l’habitait.

La jeune fille lui apportait l’écho de tout un monde qu’il s’imaginait connaître ensuite. Rien