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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/229

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CHOSE DU MOHDE 12271

Ils avaient ainsi franchi le point culminant de la côte ; ils décidèrent de monter au bord extrême de la falaise. Et, ô prodige, ô bonté d’un hasard aimable, quand ils se penchèrent au-dessus du vide vertigineux pour regarder en bas la mer encore bleue, la pleine lune se posait, comme une grosse orange, sur la ligne de l’horizion. Le groupe qui les entourait manifestait par des cris son enthousiasme. Eux, serrés l’un contre l’autre, silencieux, regardaient avidement le tableau qui se déroulait ; la mer mystérieuse, la lune, les falaises, les phares tournoyants, les montagnes proches et lointaines, le rocher et l’île. La route descendait ensuite dans la nuit de la vallée. Pour dissimuler un silence oppressant ils avaient parlé de livres. Lucette ne l’avait pas avoué à Monique, mais c’était de Guy qu’elle avait pris son admiration pour Zangwill, Elliott, Wharton. La culture de Lucette subissait toujours l’influence des hommes qu’elle rencontrait.

Á Percé, le grand paysage endormait le cœur de Lucette ; elle se sentait détachée de sa vie ordinaire et ne s’analysait plus. Guy s’en irait. Quinze jours, au plus, et ce serait l’abandon d’un rêve impossible.

Mais Guy Beaulieu s’était imposé après son départ avec plus d’insistance. Le rêve, loin de