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CHOSE DU MONDE
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posée. Silencieuse à la maison, mais dès que ses amies l’entouraient, bavarde, optimiste, découvrant le bon côté des choses, le revers doré des nuages.

Claire assurait qu’elle avait besoin de Lucette comme des rayons du soleil.

— Quand tu viens, tu me rassérènes. Tu seras heureuse, je crois, ajoutait-elle, je crois que tu seras toujours heureuse.

Monique, qui affectait un aplomb continuel, demandait tout de même à son tour :

— Je t’en prie, viens me voir plus souvent. Ensemble, nous sommes tellement intelligentes !

C’était vrai. Lucette l’entraînait avec ses innombrables projets, ses espoirs, ses enthousiasmes sans cesse renouvelés. Lucette sombrait dans l’affaissement si elle n’attendait aucun événement joyeux, alors, pour conserver sa bonne humeur, elle regardait toujours dans l’avenir lointain ou proche, quelque point brillant. Ce point variait en grosseur, en importance. Parfois, il se réduisait à une lettre, un appel téléphonique, une rencontre probable ; ou si demain, elle devait étrenner une robe, ou encore, aller dans la montagne avec Claire, demain devenait précieux. Un récital en perspective, une soirée, un voyage, la maintenaient dans un état d’exaltation extrême. Elle passait des heures la nuit à en