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Page:LeNormand - La plus belle chose du monde, 1937.djvu/69

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Jacques ne pouvait pas, étudiant, songer au mariage. S’il devenait trop empressé, il serait toujours temps de l’éconduire.

En attendant, à propos de littérature, ils se querellaient. Lui prétendait que ses études ne lui laissaient aucun loisir pour lire. Elle soutenait qu’il devait à tout prix se cultiver ; autrement, il manquerait de psychologie, son horizon se rétrécirait, il ferait un médecin médiocre.

Elle lui prêtait des livres ; quand il les lui rapportait, son interprétation du sujet semblait absolument fausse. Pour un roman bien plus innocent que ceux qu’elle lisait, hélas ! d’ordinaire, il lui fit une scène. Jamais les bonnes intentions d’Henry Bordeaux ne furent à ce point méconnues. Sans découvrir la leçon qui se dégageait des Rocquevillard, Jacques prétendit que Monique n’avait savouré cette lecture que pour les situations irrégulières qui s’y trouvaient.

Elle en fut rouge jusqu’aux cheveux, eut envie de le gifler :

— Je vous assure que si vous lisiez davantage, vous comprendriez autrement.

Et pour qu’il sût tout de suite, qu’il ne devait pas nourrir pour elle de sentiment durable, elle le mit sur le chapitre de son avenir. Désirait-il toujours succéder à son père ? Le village, où le vieux docteur Préfontaine achevait sa