Aller au contenu

Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
LE NOM DANS LE BRONZE

est tout émue. Pourquoi ces choses la bouleversent-elles ? Hallucinée, elle voit un coin de champ cultivé entouré d’une forêt menaçante et des Iroquois embusqués ; elle voit une cahute d’où s’échappe un filet de fumée dans la sérénité du soir, un homme ramassant des gerbes, une femme, debout sur le seuil de la porte, un enfant dans les bras. Et Marguerite retient des larmes sur le point de jaillir, d’une source jusque-là inconnue. « Une des filles de Louis Hébert épousa le premier Couillard »… Pourquoi cette simple phrase excite-t-elle une tempête si violente en elle ? L’âme des ancêtres est-elle plus proche, peut-elle revenir ?

Philippe déclame :

— C’est le monument de l’énergie, du courage, du travail, non de l’amour. Autrement, où serait le mérite de votre ancêtre, si l’on doit croire l’Imitation quand elle assure : « L’amour rend léger ce qui est pesant, rend doux ce qui est amer, fait entreprendre de grandes choses et… » Vous vous souvenez du chapitre ? Toutes les jeunes filles le savent par cœur. Et peut-être en avez-vous secrètement éprouvé la vérité, Marguerite ?