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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/125

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Le sifflet de la locomotive, strident, trouble la somnolence des campagnes, accablées de chaleur sous le soleil de midi. Allongée dans son fauteuil pour les quatre grandes heures du trajet, Marguerite regarde passer les paysages. Le bruit sonore, étourdissant, métallique des roues brûlant les rails, l’odeur de fumée, rien ne lui déplaît. Elle a gardé le goût des promenades en chemin de fer. Elle aime ce mouvement qui l’emporte et cette paresse obligatoire qui favorise l’imagination. Plus que jamais, son cerveau bouillonne de souvenirs à démêler, de pensées à ordonner, d’idées nouvelles à méditer.

Elle paraît indifférente et calme. Mais sous son masque de petite voyageuse correcte, — la figure abritée d’un chapeau seyant, qui n’empêche pas sa tête de s’appuyer au dossier de la chaise, — se dissimule une Marguerite exaltée, trépidante comme le train, que l’attente, des regrets et des désirs entre-