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LE NOM DANS LE BRONZE

mère revenaient, pour ajouter à son souci. Épouser un Anglais ! Et elle repoussait en même temps, avec violence, l’idée d’être une héroïne, d’éloigner son ami, pour ne pas trahir le passé, le présent, l’avenir. Aller de plein gré au-devant de la douleur, elle ne le pouvait pas, elle ne le voulait pas !

Au grand jour, sa conscience cesse de s’alarmer. Pendant que le train roule, rassurée, elle n’a plus du tout le cauchemar de son avenir. Sa volonté n’aura probablement rien à régler. Les choses s’arrangeront. On a toujours tort de s’élever des montagnes d’inquiétudes. Tout est si étrange. Les événements arrivent si peu dans l’ordre que nous les attendions. Les choses semblent inacceptables aujourd’hui ; demain, elles sont simples. Elle s’efforce de diriger ses pensées du côté le plus heureux.

Elle revit les heures diverses de son séjour à Québec. Elle repasse les noms des rues, dont l’originalité l’amusait : rue des Grisous, rue des Remparts, rue De Buade, Côte de la Montagne, Grande Allée. Elle se retrouve dans les chemins pittoresques de Beauport, de Beaupré, où l’âme des vieilles maisons a trans-