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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/135

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LE NOM DANS LE BRONZE

n’est-il pas bon, parfois, que des races se mêlent, s’allient ?

La jeune fille observe à la dérobée l’émotion dans les yeux de Steven, qui ne cherche plus à rien dissimuler ; son malaise s’accroît. Elle ne veut pas de sentiment, ce soir, entre eux, elle ne veut que des paroles légères. Et parce que la vie s’obstine à contredire, le jeune homme cherche, par toutes sortes de phrases, à hasarder l’expression de son amour. Comme Marguerite s’entête dans son mutisme, il prend ses deux mains dans les siennes, l’attire à lui et, sourdement, reprenant sans y penser sa langue maternelle, il murmure :

I wish I had the right to hold you on my heart.

Elle frémit et doucement le repousse.

— Vous n’êtes pas sage, ce soir.

— Au contraire, je suis très sage, très logique. Il y a bien longtemps déjà que je vous aime, Marguerite. Je n’ai jamais aimé personne comme je vous aime. Ce que je voudrais, le devinez-vous ?

Elle secoue la tête brusquement et ses cheveux déplacés lui balaient les joues.