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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/140

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LE NOM DANS LE BRONZE

Elle secoue la tête : son rire embarrassé nage à la surface de sa détresse. Elle regarde devant elle l’eau encore rose, les petits bateaux qui dorment. Ils sont seuls comme dans un désert, et la nuit sereine s’approche.

— Je vous en prie Marguerite, répondez-moi.

Mais elle reste silencieuse, les mains glacées. Elle ne peut pas répondre non, car elle l’aime. Ils sont debout, accoudés à un parapet. Marguerite s’obstinant à ne pas parler et à baisser les yeux, il se penche et l’embrasse. Elle ne peut pas retenir cette force qui la pousse vers lui, ce consentement de son amour complice.

— Jamais vous ne repartirez sans moi, Marguerite. Vous consentez ?

Il parle bas, d’une voix sourde qu’elle ne reconnaît pas.

— Je vous aimerai tellement, vous serez toujours heureuse.

Elle voudrait fuir, éviter encore une réponse immédiate. Mais tout à coup, sans résolution préalable, au moment où ce qu’elle a si longtemps rêvé se