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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/148

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LE NOM DANS LE BRONZE

s’imagine continuant toujours sans but une vie brisée. Ah ! que fera-t-elle de tous ces jours qui se succéderont, route obscure qu’il lui faudra bon gré mal gré parcourir, le désespoir écrasant ses épaules ? Que n’est-elle vieille tout de suite, sereine, apaisée. Qu’on doit être heureux d’être sans désir terrestre, de cheminer sans ambition, à heures fixes ; de n’avoir pas de vanité, de toujours porter le même chapeau démodé, la même collerette noire ; d’entrer chaque jour dans les mêmes maisons, d’en ressortir aussi calme ! Ah ! se contenter de voir ses années se suivre et se ressembler, être résignée à ne vivre ici-bas que pour la vie future ! Ne connaître que de petites joies puériles. Et Marguerite pleure de pitié sur elle-même ; elle regorge de tant de sentiments violents et affamés.

Ses loisirs incessants laissent le champ libre à ses sombres imaginations. Avec ses amies, elle s’efforce pourtant d’être la même. Elle ne se confie pas, elle ne parle pas de son aventure. Elle ne veut étaler sa misère devant personne.

Qu’en pense Jacqueline Lanoue qu’elle rencontre plus souvent ? Pas plus à elle qu’aux autres, Margue-