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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/155

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LE NOM DANS LE BRONZE

— Pourquoi n’irais-tu pas avec elle ?

— Je ne peux demander cela à père maintenant, je sais qu’il a des ennuis.

— Mais moi, mes affaires ont été bonnes cette année. Si j’arrangeais cela, tu partirais ?

Elle se remet à pleurer, d’émotion, cette fois, remuée par tant de bonté et de tendresse.

— Si nous étions dans un désert, balbutie-t-elle, je ne tiendrais pas à m’en aller, Jean ; mais je déteste qu’on me voie souffrir, qu’on sache que je suis triste, qu’on raconte des histoires sur moi…

— Je comprends bien, ma pauvre chérie. Mais tout passe, tu verras, les grands chagrins aussi.

Cette phrase insinue-t-elle que Jean, également, a connu des déceptions et que les plaies se sont cicatrisées ? Mais Marguerite ne songe qu’à sa propre peine.

— Il me semble que je ne serai plus jamais gaie, que je n’aurai plus confiance en rien, que je n’aimerai jamais plus personne…

Dans la route libre, rien ne trouble le silence des maisons endormies au bord du chemin ; les jardins em-