Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/49

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Personne ne doit soupçonner sa souffrance, pas même son frère Jean, à qui elle se confie d’ordinaire. Pour qu’il ne devine rien, tant que dure le souper, elle lui parle et le taquine. Mais dès qu’il a quitté la table, elle cesse de rire et ne se rend pas compte de l’expression tout de suite douloureuse de son visage. Sa mère, aux aguets, s’inquiète.

Vers huit heures, Marguerite peut enfin monter à sa chambre et, libre de pleurer, elle se jette sur son lit, secouée de sanglots, étouffant des cris, comme au premier moment inacceptable d’un deuil cruel. Elle voit sa vie brisée. Les paroles de Steven avouent l’impossibilité de leur mariage.

Elle ne peut se résigner. Elle se révolte. Que fera-t-elle de toutes ces années qui s’allongent devant elle et qu’elle imagine désormais mornes, sans promesses, mortellement vides et cependant inévitables ?