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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/72

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LE NOM DANS LE BRONZE

— Je ne me rappelle pas vos propos. Ce que je sais bien cependant, c’est qu’il y avait en vous une espèce de grâce sauvage…

— Vous me flattez un peu…

— Vous étiez amusante, avec vos mêmes yeux, dans un visage plus flou. Vous aviez une petite robe à pois rouge et vous avez pleuré parce que nous allions à la Pointe aux Pins et que vos sœurs ne voulaient pas de vous…

— Finalement, elles m’ont emmenée parce que Jean a plaidé pour moi…

C’est curieux, songe ensuite Marguerite. Une heure auparavant, elle croyait ne pas connaître Philippe, et voilà qu’il se souvient exactement de son visage de petite fille, d’une de ses robes et de larmes qu’elle a versées. Elle voudrait l’interroger, savoir autre chose de ces jours oubliés, mais elle n’ose pas. Philippe croira à une vaine complaisance en elle-même.

Ils sont bientôt absorbés par le paysage où le yacht s’engage. Marguerite aime passionnément son fleuve. Elle déclare parfois : « Je dois avoir du sang de