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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/75

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LE NOM DANS LE BRONZE

comme une pelouse de ville sous des ormes au feuillage en dômes. On dirait le fond conventionnel d’un vieux tableau.

Philippe confesse son admiration :

— Je ne croyais pas qu’un pays plat pouvait être aussi pittoresque. J’avoue mon chauvinisme de Québécois. Mais je me rétracte. C’est splendide, et si calme, si paisible, comparé à notre région tourmentée. Et c’est encore si désert, qu’on imagine sans peine les Iroquois, toujours cachés dans les fourrés, comme autrefois…

Marguerite et Louise se souviennent des épisodes historiques appris au couvent et relégués si loin dans leur mémoire. Le paysage où ils se sont déroulés leur redonne l’importance de réalités.

Par le chenal aux Corbeaux le yacht rentre dans le fleuve. Le soleil baisse, change la couleur des choses. Sorel revient vers eux avec ses clochers, ses vieux arbres, ses phares et la ligne grise des quais où rêvent en fumant des bateaux…