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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/82

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LE NOM DANS LE BRONZE

Au fond du paysage, les Laurentides se rapprochent bientôt pour tenir compagnie à la route. À la Pointe du Lac, le fleuve ressemble à la mer. Il réfléchit le bleu saphir du ciel et, soulevé par le vent, se festonne d’écume.

Marguerite est assise à côté de Philippe. Au départ, M. Dupré l’a taquinée :

— Surtout, ne donnez pas de distractions au chauffeur…

Elle l’a rassuré. En auto, elle aime à se laisser vivre sans parler. Philippe ne peut souhaiter plus tranquille compagne. Ils échangent, par-ci, par-là, une réflexion, mais, le plus souvent, Marguerite regarde en silence.

Elle connaissait d’avance ce trajet jusqu’aux Trois-Rivières, — où le progrès s’insinue dans une ville riche de souvenirs héroïques, — mais ensuite, le pays est nouveau pour elle. Plus ils avancent vers Québec, plus le sol s’élève, accidenté, pittoresque. La route court le long d’un plateau, dominant une vallée encerclée comme l’arène d’un cirque, par la chaîne ininterrompue des longues montagnes. À Cap Santé,