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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/84

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LE NOM DANS LE BRONZE

tion dilatait soudain son âme, mais l’instant d’après tout était fini, elle n’y pensait plus.

Aussi sa surprise grandit en écoutant Philippe. Que d’opinions absolument nouvelles pour elle. Un peu stupéfaite, elle découvre cet esprit imprégné de soucis dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. Ces préoccupations, dont elle ne nie pas la grandeur, lui plaisent vaguement, mais sur ce terrain inconnu, elle suit le jeune homme plus curieuse qu’enthousiaste.

Vers six heures et demie, ils sont presque au terme du voyage. À gauche, la route domine la vallée de la rivière Saint-Charles et les montagnes se sont élevées et multipliées au fond du paysage. Ils entrent à Québec par le chemin Sainte-Foye.

— Nous voici sur les Plaines d’Abraham, dit Philippe.

Cette phrase, pour Marguerite, étincelle soudain comme un glaive. Même désintéressée de l’histoire actuelle, elle conserve, comme toutes les petites filles de son pays, le souvenir des batailles qui précédèrent la conquête du Canada. Mais pour la première fois, ces faits d’armes éveillent une émotion vraie dans son