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Page:LeNormand - Le nom dans le bronze, 1933.djvu/97

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LE NOM DANS LE BRONZE

magnifique. Plus ils s’élèvent, plus le paysage grandit. La ville étale en tout sens, entre le fleuve et la vallée de la rivière Saint-Charles, les lignes croisées de ses rues en pente, marquées par l’accent aigu des toitures et la série des cheminées jumelles. En dehors des remparts, le Parlement, avec ses faux airs de Louvre, sourit dans ses bouquets d’arbres, ses terrasses égayées par les taches vives des plates-bandes en fleurs. Surplombant la ville, l’énorme Château, — dont la masse colossale fait de loin un fantastique tableau, — détruit un peu, vu d’aussi près, l’harmonie de l’ensemble. Mais Philippe s’attache à faire aimer à la jeune fille le grand pays qu’ils dominent et qui les entoure comme un cyclorama ; partout des montagnes à la hauteur du ciel, tantôt bleues, tantôt grises comme de l’acier, ou soudain très vertes, toutes éclairées de soleil, se montrent pareilles à un troupeau de bêtes gigantesques aux longs dos pelus. En bas, la vallée heureuse de la rivière Saint-Charles sépare la ville de cette chaîne des Laurentides.

Ils quittent ce spectacle pour contourner la crête des glacis, et le fleuve leur apparaît glissant entre