Aller au contenu

Page:Le Bon - Psychologie politique et défense sociale.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE III

Méthodes d’étude de la psychologie politique


En psychologie politique, comme d’ailleurs dans les autres sciences, ce sont les faits d’abord, puis leur interprétation qui permettent de dégager des lois.

En politique, l’observation des faits est beaucoup plus facile que leur interprétation, c’est-à-dire que la détermination de leurs causes et la prévision de leurs conséquences. Nos armées ont été battues en 1870. Voilà un fait connu de chacun. Mais pourquoi ont-elles été battues ? Quelles réformes devraient-elles subir afin d’éviter une nouvelle défaite ? Ici les difficultés s’accumulent et les explications varient considérablement. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les théories contradictoires, révélées par la série de réglements militaires édictés pendant vingt ans, ou simplement les écrits des spécialistes. Si d’ailleurs l’interprétation des phénomènes sociaux était aisée, nous serions d’accord sur tout, alors qu’en réalité nous ne le sommes sur rien.

Donc, quoique les faits politiques faisant partie de la vie journalière soient d’une observation facile, la détermination de leurs causes est au contraire difficile. Elle l’est d’autant plus que les parties d’un événement dont nous prenons conscience ne sont généralement qu’un très faible fragment de l’événement lui-même.

Dans une pareille étude, la simple intuition ne saurait suffire. Des méthodes rigoureuses deviennent nécessaires. Elles sont de même ordre que celles employées dans les sciences, l’histoire naturelle notamment.

Le psychologue doit opérer un peu comme le naturaliste qui, mettant en relief par une analyse attentive les réalités cachées sous de trompeuses apparences, réunit ensemble des phénomènes d’aspect dissemblable. Ainsi arrive-t-il à classer la baleine avec les mammifères au lieu de la considérer comme un poisson. Pour l’observateur superficiel, la baleine paraît évidemment plus rapproché du requin que d’un écureuil et c’est cependant avec ce dernier qu’on doit la comparer. En politique, malheureuse-