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Page:Le Destin tragique de Guy de Maupassant (extrait La Trahison de la comtesse de Rhune), 1927.djvu/34

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Et Landerneau ? Guingamp ? Henry de Spinefort,

Traître, a-t-il ouvert Hennebont à Montfort ?

Livra-t-on pas Jugon pour cent deniers de rentes ?

Mais ils ont tous trahi de façons différentes !

L’évêque de Léon ? Laval ? et Malestroit ?

Et d’Harcourt ? Et Clisson, que fit périr le Roi

Par le bras du bourreau ? Cependant, leur mémoire

Est encor respectée et brillante de gloire.

Trahir ?... Ah ! j’ai trahi celui seul que j’aimais,

L’Anglais Gautier Romas, et je veux désormais

Lui demeurer fidèle et lui livrer le comte.

La vengeance est permise et n’est point une honte.

Entre les deux, mon cœur n’eut pas droit de choisir ;

J’étais à lui ; mais l’autre est venu me saisir.

Aujourd’hui, je me rends à mon bien-aimé maître.

Quand on a de l’audace, on cesse d’être un traître !


SUZANNE D’ÉGLOU

Malgré l’audace, on est infidèle et trompeur ;

Puis je t’aime, cousine, et je sens que j’ai peur.

J’ai peur de tout, de moi, de nous, d’un mot, d’un geste.

Un regard qu’on échange, un rien, tout est funeste

Quand on cache en son cœur un périlleux secret.

Un soupçon peut venir.