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CASIMIR DELAVIGNE.

Ses meilleures poésies sont les Derniers Chants, œuvre posthume. C’est là qu’on trouve, dans le joli poème intitulé Un Miracle, ces stances sur Les Limbes, dont M. Ernest Legouvé a dit : « Je ne connais dans notre littérature qu’une page comparable en douceur à ce morceau, c’est la peinture des Champs Élysées par Fénelon. »

Comme poète dramatique, Casimir Delavigne imita d’abord les classiques, dans Les Vêpres Siciliennes (1819), par exemple, puis les Romantiques avec des pièces telles que Louis XI (1832) et Les Enfants d’Édouard (1833), qui n’ont pas tout-à-fait disparu de l’affiche.

Si sa gloire a subi un déchet considérable, c’est donc encore au théâtre que Delavigne se survit le mieux ; et sa statue par David d’Angers, peut rester encore quelque temps assise sur l’un des quais de sa ville natale, malgré la proclamation bien connue du farouche Desnoyers :

Habitants du Havre, Havrais,
J’arrive de Paris exprès
Pour mettre en pièces la statue
De Delavigne (Casimir.)
Il est des morts qu’il faut qu’on tue…

« Quoique la faculté du beau fût développée à un rare degré chez M. Delavigne, l’essor de la grande ambition littéraire, en ce qu’il peut avoir parfois de téméraire et de suprême, était arrêté en lui par une sorte de réserve naturelle, qu’on peut louer ou blâmer, selon qu’on préfère dans les productions de l’esprit, le goût qui circonscrit ou le génie qui entreprend, mais qui était une qualité aimable et gracieuse, et qui se traduisait en modestie dans son caractère et en prudence dans ses ouvrages. » Ce jugement, plein de modération, mais non dénué de malice, est de Victor Hugo.

Ses œuvres ont été publiées par MM. Didot.

Auguste Dorchain


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