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Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t1, 1887.djvu/331

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ALFRED DE MUSSET.



II


Ô Maria-Félicia ! le peintre et le poète
Laissent, en expirant, d’immortels héritiers ;
Jamais l’affreuse nuit ne les prend tout entiers ;
À défaut d’action, leur grande âme inquiète
De la mort et du temps entreprend la conquête ;
Et, frappés dans la lutte, ils tombent en guerriers.


III


Celui-là sur l’airain a gravé sa pensée ;
Dans un rythme doré l’autre l’a cadencée :
Du moment qu’on l’écoute, on lui devient ami ;
Sur sa toile, en mourant, Raphaël l’a laissée,
Et pour que le néant ne touche point à lui,
C’est assez d’un enfant sur sa mère endormi.


IV


Comme dans une lampe une flamme fidèle,
Au fond du Parthénon le marbre inhabité
Garde de Phidias la mémoire éternelle ;
Et la jeune Vénus, fille de Praxitèle,
Sourit encor, debout dans sa divinité,
Aux siècles impuissants qu’a vaincus sa beauté.