Aller au contenu

Page:Les Soirées de Médan.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et Mme de Pahauën, la célèbre et l’adorable, ressuscita, parce qu’elle le voulait.

Quand Mme Worimann entra dans sa chambre, à peine si elle reconnut sa locataire.

— Jésus Dieu ! s’écria-t-elle, comme…

Mme de Pahauën lui coupa la parole, et d’une voix brève.

— Eh bien ?

— C’est entendu.

— Tout ? Absolument tout.

— Absolument tout. Puis, après avoir scrupuleusement indiqué l’heure et l’endroit :

— Vous n’avez plus besoin de rien ?

— De rien.

— Alors, adieu, madame.

Mme de Pahauën s’étira, étendit les bras comme une femme qui échappe enfin à une longue courbature, et poussant un soupir de satisfaction.

— Enfin ! Maintenant nous allons donc rire.

En bas, Mme Worimann, devant sa caisse, venait d’ouvrir son porte-monnaie. Elle prenait un à un les thalers qui lui avaient été comptés pour prix de sa proxénétique intervention, et, tandis qu’elle les contemplait longuement, des éclairs de cupidité satisfaite s’allumaient dans les yeux louches de l’entremetteuse.