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L’AFFAIRE DU GRAND 7



I


« Ran, plan,… plan, plan, plan ! fit la chambrée debout en demi-cercle, autour d’un troupier à genoux, dont la tête reposait sur les cuisses d’un camarade, et elle se tut.

— Attention ! Sauvageot, dit le caporal Verdier, un grand blond à barbe rousse.

La main du troupier, largement ouverte sur ses reins, eut un léger tremblement ; on devait déjà lui avoir administré de solides claques. Et comme il attendait, très anxieux, un soldat qui entrait fendit le groupe, leva le poing avec tranquillité, le laissa retomber. Un coup sec retentit.

— Aïe !… Sacré nom de nom,… s’il y a du bon sens ! bredouilla Sauvageot furieux.

On éclata de rire. « Ce Sauvageot ! quel mollasson !… Gueuler comme ça pour un méchant revers de tampon !… Ah ! fantassin de malheur ! Non, il n’était pas possible de rencontrer une pareille andouille… Chacun son tour, d’ailleurs ; se gênait-il