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Page:Les Soirées de Médan.djvu/46

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L’ATTAQUE DU MOULIN

— L’imbécile ! murmura-t-il, il gâte tout.

Françoise qui l’entendit, fut prise d’angoisse. Son père, d’ailleurs, ne soupçonnait pas sa complicité. Il hocha la tête, en lui disant à demi-voix :

— À présent, nous voilà propres !

— C’est ce gredin ! c’est ce gredin ! criait l’officier. Il aura gagné les bois… Mais il faut qu’on nous le retrouve, ou le village paiera pour lui.

Et, s’adressant au meunier :

— Voyons, vous devez savoir où il se cache ?

Le père Merlier eut son rire silencieux, en montrant la large étendue des coteaux boisés.

— Comment voulez-vous trouver un homme là-dedans ? dit-il.

— Oh ! il doit y avoir des trous que vous connaissez. Je vais vous donner dix hommes. Vous les guiderez.

— Je veux bien. Seulement, il nous faudra huit jours pour battre tous les bois des environs.

La tranquillité du vieillard enrageait l’officier. Il comprenait en effet le ridicule de cette battue. Ce fut alors qu’il aperçut sur le banc Françoise pâle et tremblante. L’attitude anxieuse de la jeune fille le frappa. Il se tut un instant, examinant tour à tour le meunier et Françoise.

— Est-ce que cet homme, finit-il par demander brutalement au vieillard, n’est pas l’amant de votre fille ?

Le père Merlier devint livide, et l’on put croire qu’il allait se jeter sur l’officier pour l’étrangler. Il se raidit, il ne répondit pas. Françoise avait mis son visage entre ses mains.

— Oui, c’est cela, continua le Prussien, vous ou