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Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/108

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ÉVANGÉLINE

Voguant silencieux les malheureux proscrits
Sentirent un grand trouble entrer dans leurs esprits :
Le noir pressentiment d’un mal inévitable
Leur fit paraître encor ce lieu plus redoutable ;
Et leurs cœurs, effrayés des menaces du sort,
Se serrèrent soudain et tremblèrent plus fort ;
De même que l’on voit la frêle sensitive
Replier sa corolle et se pencher craintive,
Quand, au loin dans la plaine, un coursier au galop,
Fait retentir le sol de son poudreux sabot.
Mais une vision gracieuse et divine
Vint distraire et charmer l’âme d’Évangéline.
Sa brûlante pensée avait pris un beau corps :
Un fantôme brillant, devant ses yeux alors,
Flottait, avec mollesse aux rayons de la lune,
Et semblait lui sourire en sa longue infortune.
Celui qu’elle voyait dans cette vision,
Que la lune d’argent portait sur un rayon,