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ÉVANGÉLINE

Comme un ruisseau de perle à travers des récifs,
Ses chants furent, d’abord, douloureux et plaintifs ;
C’était le chant d’amour des âmes délaissés :
Mais sa voix s’anima ; ses roulades pressées
Firent trembler au loin les feuillages touffus :
Brillants coups de gosier, éclats, trilles confus,
C’était un cri d’orgie, un refrain de délire..
Il parut babiller et s’éclater de rire ;
À la brise il jeta des accents de courroux ;
Il modula longtemps des sons tristes et doux ;
Puis, fendant, dans son vol, l’air avec brusquerie,
Il sema dans le ciel, comme par moquerie.
Tous les charmants accords de sa divine voix.
Au milieu d’un beau jour il arrive, parfois,
Qu’une brise légère, après quelques ondées,
Agite des tilleuls les cimes inondées
Et fait tomber la pluie, en goutte de cristal,
De rameaux en rameaux, jusques au fond du val.