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Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/131

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ÉVANGÉLINE

Et le père Félix aussitôt se levant
Les salua de loin et courut au devant.
En tombant dans les bras du vénérable prêtre,
Le ménestrel sentit, dans son âme, renaître
Les transports ravissants d’un âge plus heureux ;
Il ne mit à pleurer. Des souvenirs nombreux
À ses esprits émus alors se présentèrent ;
Et, vers les temps enfuis, ses pensers remontèrent !
La vierge vint baiser ses nobles cheveux blancs.
Il la prit dans ses bras, dans ses vieux bras tremblants,
Et mouilla son front pur de ses brûlantes larmes.
La pauvre Évangéline, elle avait bien des charmes
Quand il la fit danser, pour la dernière fois,
Avec son Gabriel et les gais villageois,
Au son du violon, sous le ciel d’Acadie !
Il la trouvait peut-être, à présent enlaidie,
Car elle avait perdu les roses de son teint,
Et sa joue était creuse et son regard éteint :