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ÉVANGÉLINE

On voyait la fumée en colonnes bleuâtres,
Comme des flots d’encens, s’échapper de ces âtres
Où l’on goûtait la paix, le plus divin des biens.


Ainsi vivaient alors les simples Acadiens :
Leurs jours étaient nombreux et leur mort était sainte.
Libres de tout souci comme de toute crainte.
Leurs portes n’avaient point de clef ni de loquet ;
Car dans l’ombre des nuits nul n’était inquiet ;
Et, chez ces bonnes gens, on trouvait la demeure
Ouverte comme l’âme, à chacun, à toute heure.
Là le riche vivait avec frugalité,
Le pauvre n’avait point de nuits d’anxiété.


Sur une grande ferme attachée au village,
Et tout près du bassin, au milieu du feuillage,