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ÉVANGÉLINE

C’est ainsi que vivait en paix avec le monde,
En paix avec son Dieu, dans sa terre féconde,
Le fermier de Grand Pré. Sa Joie et son appui,
Toujours Évangéline était auprès de lui
Et gouvernait déjà sagement le ménage.
Plus d’un jeune amoureux à peu près de son âge,
La suivait à l’église, et priait à genoux
En reposant sur elle un œil tendre et jaloux,
Comme si cette femme avait été la sainte
Qu’il venait vénérer dans la pieuse enceinte.
Bien heureux qui pouvait toucher sa blanche main !
Marcher à ses côtés sur le bord du chemin !
Quelques-uns osaient-ils à sa porte se rendre,
Pendant qu’ils l’écoutaient sur l’escalier descendre,
Ils se seraient ceux-là demandé bien en vain
Lequel battait plus fort, ou du marteau d’airain,
Ou de leur cœur rempli d’espérance et d’angoisse.
Aux fêtes du Patron qu’invoquait la paroisse,