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ÉVANGÉLINE

Pendant qu’à la clarté du foyer vacillant,
Prenant un air moqueur, un regard sémillant,
Chaque face sculptée au dossier de sa chaise
Semblait s’épanouir et sourire à son aise,
Et que sur le buffet, les plats de fin étain
Luisaient comme au soleil des boucliers d’airain.


Le bon vieillard chantait d’un ton mélancolique
Des refrains de chanson, des couplets de cantique,
Ainsi que ses aïeux, jadis, avaient chanté,
À l’ombre de leur bois, sous leur ciel enchanté,
Leur ciel de Normandie. Et son Évangéline,
Portant jupe rayée et blanche capeline
Filait, en se berçant, une filasse d’or.
Le métier dans son coin se reposait encor.
Mais le rouet actif mêlait avec constance,
Son ronflement sonore à la douce romance