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Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/77

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ÉVANGÉLINE

Sur sa noble figure, hélas ! s’est répandue !
Elle vole vers lui, frissonnante, éperdue,
Presse ses froides mains : « Gabriel ! Gabriel !
« Ne te désole point ! soumettons-nous au ciel :
« Il veillera sur nous ! Et que peuvent les hommes,
« Que peuvent leurs desseins contre nous si nous sommes
« L’un et l’autre toujours unis pur l’amitié ! »
Sur ses lèvres de rose, à ces mots de pitié,
Avec grâce voltige un triste et doux sourire ;
Mais voici que soudain sa chaste joie expire,
Elle tremble et pâlit. Au milieu des captifs
Elle voit un vieillard, dont les regards plaintifs
Se reposent, de loin, avec amour, sur elle :
Ce vieillard, c’est son père ! Une peine mortelle,
Un profond désespoir ont altéré ses traits !
Il porte sur son front la trace des regrets :
On ne voit plus le feu jaillir de sa paupière :
Son humble vêtement est couvert de poussière.