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AU LECTEUR

çais, arme une flotte, choisit les plus envieux de ses enfants et les plus barbares de ses soldats, et les lâche comme une meute enragée sur l’heureuse colonie. On appelle l’hypocrisie et la trahison au secours de la violence. Comme toujours la cruauté est peureuse. Les Acadiens surpris, dépouillés de leurs armes, sont enchaînés comme des criminels, embarqués pèle mêle sur les vaisseaux Anglais, et transportés sur les bords étrangers où les attendent la faim et le dénûment, la persécution et la mort : car bien peu d’entre les exilés d’Acadie ont pu comme le père Basile Lajeunesse, l’un des héros du poème, chanter l’hospitalité généreuse, la richesse et la liberté de la grande colonie Anglaise. La plus part au contraire ont été repoussés avec malice, bafoués et maltraités. Dans la Pennsilvanie, on a voulu réduire en esclavage ces malheureux déportés. Ce n’est pas ainsi aujourd’hui que l’exilé est accueilli dans la grande république.