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Page:Longfellow - Évangéline (traduction Léon Pamphile LeMay), 1870.djvu/97

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ÉVANGÉLINE

Dans les villes, parfois, elle arrêtait ses pas :
Mais les vastes cités ne lui redonnaient pas
L’ami qu’elle pleurait, la paix du cœur perdue !
Elle en sortait bientôt, gémissante, éperdue,
Et poursuivait encor ses recherches plus loin.
Faible et lasse, parfois, se croyant sans témoin,
Elle venait s’asseoir au fond des cimetières,
Les regards attachés sur les croix ou les pierres
Qui protégeaient des morts le suprême repos.
Elle s’agenouillait, parfois, sur ces tombeaux
Où nulle inscription ne répète à la foule
L’humble nom du mortel que son pied distrait foule,
Puis elle se disait : « Peut-être qu’il est là !…
« La tombe qui devait nous unir, la voilà !
« Il goûte le repos dans le sein de la terre,
« Et moi je traîne encor une existence amère ! »
Parfois elle entendait un bruit, une rumeur
Qui lui rendait l’espoir et ranimait son cœur :