Page:Lumbroso - Souvenirs sur Maupassant, 1905.djvu/102

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Mais le vrai Guy, le grand Guy simple et bon, tenez, trouvez-le ici encore dans les pages de ce livre où je garde tous les souvenirs qui me le rappellent.


« Guy vit comme moi dans une solitude absolue. Il travaille et il navigue, voilà toute son existence. Il ne voit personne, personne, ni le jour, ni le soir. Il vit dans un bain de repos, de silence, dans un bain d’adieu. Il ne sait pas du tout quand il reviendra à Paris. Il voudrait bien travailler tout l’hiver pour être un peu libre tout l’été. Paris ne lui dit rien d’ailleurs.

« Il me propose si je vais à Villefranche, d’aller m’y voir avec son yacht.

« Il désire savoir jusqu’à quelle époque je resterai à Paris, pour faire coïncider son apparition dans cette ville avec le séjour que j’y ferai, et il me remercie de mes lettres, de toutes les nouvelles que je lui donne. Puis il me demande pardon de me répondre si courtement. Il prétend qu’il n’y voit plus, tant il a fatigué ses yeux.

Janvier.

« L’épingle que j’ai envoyée à Maupassant lui a fait plaisir. Il m’écrit que je vais recevoir à mon tour un bracelet. Il s’excuse parce que le bracelet n’est pas neuf ; voici l’histoire de ce bijou :

« Une femme qui fut belle, riche et heureuse, aujourd’hui vieille, ruinée et cruellement frappée de toutes façons, restée d’ailleurs fort honorable, lui a écrit pour lui demander un entretien. Elle habite